Hormis le fait que récompenser un pédocriminel qui fuit la justice est à gerber, récompenser en plus personnellement cette personne avec un prix le félicitant lui, rien que lui, pour son travail à lui, ce n’est pas anodin comme choix. « Nous ne nous laisserons pas intimider par la justice démocratique de feminazie, non mais ! » se targue leur voix intérieure tout en se caressant entre eux.
Ah, mais j’oubliais : il faut dissocier. L’homme. De. L’artiste. Voyons !
Justement cette phrase n’interpelle-t-elle pas à bien des égards ? En premier lieu, bien sûr le fait de se cacher derrière ça pour laisser couler des crimes. Bon, passons… (déglutition douloureuse)
Il y a un autre point qui me chiffonne sévèrement : Juste, pourquoi ?
Sérieusement, pourquoi dissocier l’homme de l’artiste ? Admettons, le talent, la carrière (qui n’aurait pas été la même s’il avait payé pour ses crimes …), mais admettons et en partant dans cette logique de l’absurde ; ok ! (double déglutition) L’homme est dissocié de l’artiste (coupez lui la … , crie la reine de cœur), c’est fait. Mais dissocie-t-on la femme de quoi que ce soit ? Sa stature de femme lui colle à la peau dans toute situation. Dissocie-t-on la femme quelque soit son métier ? Ne subissent-elles pas encore les préjugés de « ouuuh elle est en âge de se reproduire, c’est risqué de l’embaucher. On va se retrouver avec un congé mat sur les bras ? » Mais voyons les mecs, dissociez donc la femme de son travail ! Non ?
Dissocie-t-on la femme de son travail quand elle ne se laisse pas faire en réunion, mais qu’on lui reproche d’avoir probablement ses règles ? Mais voyons, dissociez donc la femme de la collègue ou de la boss !
Quand elle va porter plainte aux RH pour les remarques du boss, du collègue, sur sa tenue, les avances répétées… mais non ce n’est qu’une femme qui se plaint, encore une féministe à qui on ne peut rien dire : mais dissociez donc la femme de la victime !
Quand vous demandez à une femme de sourire plus, d’être plus douce, d’être moins dirigeante, moins bossy, d’être plus conciliante, d’être moins sur les nerfs, moins sensible, tout ça parce que c’est une femme et que donc elle devrait se comporter ainsi, et bien pensez surtout à ne pas oublier de dissocier encore une fois la femme de la travailleuse !
Dissocie-t-on la femme de l’artiste pour promouvoir son travail ? Dissocie-t-on la femme de la victime qui a osé l’ouvrir ? Dissocie-t-on la femme de la personne qui a osé dire non ?
Vous ne le faites pas !
Alors, pourquoi demander à ce qu’un homme ou plutôt un pédocriminel soit dissocié d’un artiste ?
Les femmes n’ont pas cet honneur sans pour autant être des criminelles !
Alors au nom de quoi ? L’art ? Le fucking patriarcat ? Devrait-on dissocier un homme de son travail ?
Et même si par un miracle égalitaire vous arriviez d’un coup à considérer les femmes pour leur travail et non leur genre, qu’il n’y ait irrémédiablement plus besoin d’avoir des débats sur la non-représentation des femmes dans telle ou telle branche, que les femmes soient reconnues pour leur travail avec les mêmes chances et les mêmes droits que les hommes, qu’elles ne soient plus minimiser, rabaisser, réduite à leur pauvre condition de femme avant d’être tel ou tel métier, que vous aurez appris à ravaler ce ton paternaliste et ces remarques sexistes, désobligeantes, déplacées sous prétexte de blague accusant la femme qui s’insurge de ne pas avoir d’humour, que vos mains et vos bites resteraient loin de celles et ceux qui n’ont rien demandé, alors vous auriez juste appris ce qu’est le respect et l’égalité. Et la question de séparer l’homme de l’artiste ne serait alors plus un débat, car de vous-même vous trouveriez sans doute ça immonde d’imaginer encenser un homme aussi talentueux puisse-t-il être, qui viole des enfants.
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